Nous sommes des formateurices bénévoles, voir ici pour nous contacter.
La charte de Diffraction explique ce que nous faisons, ce à quoi nous tenons, comment nous rejoindre, la manière dont nous nous organisons et dont nous évoluons.
Notre collectif « Diffraction » s’est constitué pendant la COP21 en se formant puis en préparant des groupes à des actions créatives de désobéissance civile. Diffraction est en lien avec d’autres collectifs et réseaux pour la justice environnementale et sociale dans le monde.
La diffraction, c’est le comportement des ondes qui rencontrent un obstacle ou une ouverture : leur diffusion interfère et s’échappe avec une intensité accrue. Qu’elles soient faites de lumière, de son, de vagues ou de matière, les ondes diffractées arrivent là où on ne les attendait pas.
Pour que nos expériences et pratiques se propagent tous azimuts, pour que chaque nouvelle rencontre et interférence permette de diverger dans des directions inattendues et atteindre des interstices oubliés.
Il y a des textes qui ont cette force de mettre des mots sur des intuitions et des émotions que l’on avait du mal à démêler, « Québec : au-delà de la violence et de la non-violence » de Starhawk en est un.
Alors que les mouvements sociaux actuels se déchirent dans des débats à n’en plus finir sur les questions de violence et de non-violence, prôner le respect de la « diversité des tactiques » nous paraît essentiel. Cela revient à considérer que « celles et ceux qui utilisent d’autres tactiques ne le font pas par manque de principes mais selon leurs propres conceptions politiques et leurs propres valeurs », parce que « les personnes devraient être libres de faire leurs propres choix ; [qu’] un mouvement non-autoritaire ne dit pas aux personnes ce qu’elles doivent faire ; et [que] nous devrions afficher notre solidarité même avec les personnes dont nous ne partageons pas les choix. » Le texte qui suit développe cette perspective.
Ce texte de Starhawk date de juillet 2001 (un mois seulement avant les tragiques événements de Gênes). Et si ces réflexions du mouvement altermondialiste ne semblent pas avoir trouvé beaucoup d’écho en France, elles ont largement contribué à la construction du mouvement pour la justice climatique chez nos camarades allemand·e·s cette dernière décennie. Depuis l’action Block G8 de 2007 en Allemagne, les différentes composantes de la lutte s’organisent en effet à l’aide de consensus d’action redéfinis par chaque coalition. Afin de travailler ensemble, partisan·e·s de la non-violence et collectifs autonomes décidèrent de mettre au point un consensus d’action (un principe originaire de la tradition non-violente) décrivant l’action selon les critères prônés par les militant.e.s non-violents (ce qui était très important pour ces dernier·e·s) mais sans utiliser le mot « non-violence » et en affirmant une solidarité sans condition avec toutes les formes de résistance (ce qui était très important pour la nébuleuse autonome). Deux phrases décrivant des pratiques au lieu de se référer à des principes furent clé dans la définition de ce consensus : « nous ne provoquerons pas l’escalade de la violence et nous n’attaquerons pas la police » et « nous sommes en solidarité avec toutes les personnes qui luttent avec nous contre le G8 ». Ce consensus fonctionna car les partisan·e·s de la non-violence accordèrent leur confiance aux plus radicaux pour s’assurer que leur accord serait respecté au cours de l’action, mais aussi parce qu’il·elle·s acceptèrent une certaine extension de leurs critères : franchir des lignes de police en poussant à travers elles serait ainsi considéré comme une tactique acceptable et pertinente dans le cadre du consensus d’action, alors que cela aurait pu être considéré comme une rupture avec la tradition non-violente ; il serait possible d’utiliser des méthodes créatives pour se déguiser et dissimuler son identité (ce qui diffère de la fameuse tradition d’être à « visage découvert »). Toutes ces discussions ont permis une extension de la définition de ce que signifient désobéissance civile et action directe.
Des efforts dont on a pu voir les fruits au cours de l’action « Ende Gelände » en août 2015 puis en mai 2016 — ce second opus rassembla plus de 4000 personnes pour le blocage de l’ensemble d’une infrastructure minière pendant 48 heures !
Prôner la diversité des tactiques, c’est aussi la stratégie pour défendre la zad de Notre-Dame-des-Landes : des recours juridiques, des sabotages de pelleteuses, des résistances des habitant·e·s aux expropriations de maisons et de fermes par l’Etat, des grandes manifestations, des guet-apens à la police, des pétitions, des occupations de mairie… Cette diversité, c’est la force de cette lutte.